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Une nouvelle enquête dévoile l'enfer des élevages

Publié le
15/5/2018

Attention : images fortes. Pour la seconde fois en quelques mois, les producteurs du Prosciutto de Parme, un produit certifié AOP italien, sont pointés du doigt par les associations de défense des animaux.Le Prosciutto est officiellement un produit associé à la région Emilia-Romagna, au nord de l'Italie, mais il est également produit plus au nord, dans un "triangle d'or" compris entre les villes de Brescia, Crémone et Mantoue.Un journaliste anglais, Ian Birrell, s'est associé aux équipes de l'association italienne Essere Animali pour aller filmer dans deux des élevages de porcs destinés à la production de cette charcuterie.Dans les médias, les producteurs de Prosciutto diffusent des images de cochons heureux, élevés en plain air, qui sont ensuite transformés en un jambon "vieillit au bon air des Apennins". Une image bien éloignée de l'enfer que ces animaux endurent au quotidien.Pourtant, dans cette enquête, qui n'est pas sans rappeler une autre enquête récente sur le jambon de Parme, on peut constater que les conditions de vie des animaux ne tiennent pas compte de leur bien-être. On peut y voir des cochons blessés, la queue coupée et enfermés dans des cages si petites qu'ils ne peuvent pas se retourner.Un bénévole raconte ce qu'il a vu :

Même dans ces fermes, tous les porcs ont la queue coupée. Cette opération est réalisée sans anesthésie à leur naissance pour limiter les risques de cannibalisme. La loi oblige a améliorer les conditions d'élevages. Mais, comme le montrent les photos, ces porcs vivent encore dans des conditions inconfortables et ils finissent par se mordre les oreilles entre eux.

Source : Essere AnimaliAu cours de l'enquête, le journaliste britannique et les bénévoles l'accompagnant sont entrés dans les enclos, où ils ont fait une découverte macabre. Dans la quasi totalité d'entre eux se trouvaient les corps des cochons qui n'avaient pas survécu à leurs conditions d'élevage. Les cochons encore vivants sont forcé de vivre au milieu de cadavres, parfois en train de se décomposer depuis plusieurs jours déjà.

Source : Essere AnimaliAvec de telles conditions de vie, où les animaux s'entassent dans la boue, partagent leur espace avec des cadavres - qui finissent souvent mangés par leurs congénères - les survivants tombent souvent malades.Sur la vidéo de l'enquête, on peut clairement voir que les cochons encore en vie sont en mauvaise santé et souffrent de maladies des yeux, de la peau ou de problèmes respiratoires provoqués par l'air vicié qu'ils respirent constamment.Comme dans beaucoup d'élevages, ces cochons n'ont aucun accès à l'extérieur et passent toute leur vie enfermés dans un enclos sale. Ils y sont engraissés pendant quelques mois avant d'être abattus.La majorité des cochons dans ces deux élevages avaient un tatouage bleu sur le corps. Cette marque permet de distinguer les cochons destinés à être transformés en Prosciutto AOP, un produit supposé être de qualité.

Source : Essere AnimaliMalgré cela, l'industrie agroalimentaire locale est protégée par la loi européenne. Et pour cause, la production du Prosciutto de Parme, qui a permis à la ville d'être nommée ville de la gastronomie par l'UNESCO, fournit du travail à 50 000 personnes, réparties dans plus de 4000 entreprises.Sur les 9 millions de porcs élevés en Italie, 4,5 millions sont dédiés à la production du Prosciutto et se trouvent dans la vallée du Pô. Parmi eux, seuls 35 000 sont élevés selon les critères du bio.

Source : Essere AnimaliL'enquête a été relayée dans les médias britannique et a eu un écho important là-bas. Et pour cause, le Royaume-Uni est le premier importateur de Prosciutto, avec environ 300 000 jambons entiers et 18 millions de jambons pré-découpés par an.Roberto Bennati, vice-président de l'association Lega Anti Vivisection, commente:

Comment peut-on penser à vendre un produit de haute qualité à des prix exorbitants lorsque les animaux vivent dans ces conditions ?

En effet, ces produits sont vendus à un prix élevé, aussi bien en Italie qu'en Europe. Pour les associations, il serait juste qu'une partie des gains soit destinées à améliorer le bien être des animaux. Cependant, les dirigeants de cette industrie qui rapporte des millions ne semblent pas du même avis.Le Consortium lié au Prosciutto/Jambon de Parme a réagi aux deux récentes enquêtes en déclarant que leur but était simplement de dénigrer le produit.Pour l'association, le bien être animal devrait être une préoccupation centrale :

La plupart de ces animaux vivent dans des élevages intensifs, enfermés dans des cages ou des enclos surpeuplés, sans jamais en sortir. Nos enquêtes sont un appel à la société, aux consommateurs et aux institutions, pour faire changer ces méthodes qui entraînent de grandes souffrances chez ces animaux sensibles et intelligents. 

Ci-dessous, l'enquête vidéo filmée par Essere Animali et le journaliste Ian Birrell. ATTENTION: Images fortes

Sources : Essere Animali / Daily Mail