Anti Chasse

Deux vautours injustement abattus dans la Drôme

Publié le
17/10/2023

Un éleveur de la Drôme s'est retrouvé devant le tribunal correctionnel de Valence le 6 octobre 2023, accusé d'avoir abattu deux vautours protégés en décembre 2022. Dans cette affaire, le parquet a demandé une peine de six mois de prison avec sursis pour destruction illégale d'une espèce protégée. La décision du tribunal sera rendue le 6 décembre prochain, et plusieurs associations de protection de l'environnement et des oiseaux se sont constituées parties civiles.

Les deux vautours en question sont le Gypaète barbu et le Vautour moine, deux espèces en voie d'extinction, ce qui leur confère un statut de protection particulièrement élevé. Le prévenu a tenté de justifier ses actes en affirmant qu'il craignait pour son troupeau de brebis. Cependant, selon Pierre Granier, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Drôme-Ardèche, cette défense ne tient pas, car les vautours ne s'attaquent pas à des proies vivantes.

Ce sont des charognards, se nourrissant principalement de carcasses d'animaux morts. De plus, il est difficile pour un éleveur local de ne pas reconnaître un Gypaète barbu, selon M. Granier.

La LPO espère que ce cas aboutira à une condamnation exemplaire, à la hauteur des efforts déployés pour la protection de ces oiseaux en danger. L'association souligne que les condamnations précédentes pour la destruction d'espèces protégées ont souvent été jugées insuffisantes et peu dissuasives. La destruction illégale d'espèces protégées est passible de trois ans de prison, d'une amende de 150 000 euros, ainsi que de la confiscation des armes et du retrait du permis de chasser.

La LPO déplore des condamnations d'une sévérité "en général insuffisante" et "peu dissuasive" concernant la destruction d’espèces protégées "au regard des efforts et des investissements mis en œuvre pour leur sauvegarde."

Le drame a été découvert le 3 janvier 2023, lorsque les cadavres de deux rapaces nécrophages ont été trouvés criblés de plomb entre les communes de Villeperdrix et Gumiane, dans le sud de la Drôme. L'un de ces oiseaux, Inti, était un Vautour moine, faisant partie des cinq jeunes nés en 2022 dans les Baronnies Provençales. L'autre était un Gypaète barbu nommé Canteperdrix, réintroduit avec l'aide de l'association Vautours en Baronnies. Cette femelle avait été libérée en mai 2022, à l'âge de trois mois, et était originaire d'un centre de reproduction espagnol. Le Gypaète barbu est surnommé "le casseur d'os" en raison de son régime alimentaire particulier.

L'enquête, menée par l'Office français de la biodiversité (OFB), a réussi à identifier l'auteur des tirs fatals sur ces deux oiseaux protégés. Alors que l'affaire se poursuit en justice, la LPO espère que cette fois-ci, la condamnation sera à la hauteur des enjeux de la protection de la faune sauvage. Cette affaire rappelle la nécessité de sensibiliser sur la protection des espèces menacées et l'importance de faire respecter les lois de préservation de la biodiversité.