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Les députés rejettent une première fois l'interdiction de la corrida

Publié le
20/11/2022

Le 16 novembre 2022, les députés ont rejeté une première fois, en commission des lois, la proposition de loi pour faire interdire la corrida. Cette proposition de loi, portée par le député La France Insoumise, Aymeric Caron, sera malgré tout examinée le 24 novembre, à l'Assemblée nationale, même si elle a très peu de chance d'être adoptée, comme le rappelle le journal Le Point.

Les élus RN et LR de la commission des lois ont fait supprimer le seul article du texte visant à réformer le Code pénal, une pratique rapidement dénoncée par Aymeric Caron lui-même, qui a souligné la pression des lobbys. Il a également pointé du doigt des « manœuvres électoralistes » de certains députés des régions où se pratique encore la tauromachie.

Le débat s'annonce de toute façon électrique, puisque au sein même des partis, tous ne sont pas d'accord. Si bon nombre de députés RN ou LR soutiennent la corrida, d'autres se sont détachés de cette position dominante. Julien Odoul, député RN de l'Yonne, a notamment dénoncé la corrida comme une pratique cruelle et a même déjà annoncé qu'il voterait en faveur de la proposition d'Aymeric Caron. À l'inverse, Thimothée Hussin, autre député RN, a pointé l'extrémisme du texte, qui, selon lui, pourrait ouvrir la porte à d'autres interdictions, comme la chasse ou la pêche. Marine Le Pen elle-même s'est dit opposée à l'accès de la corrida aux mineurs, mais ne demande pas son abolition.

La loi pour faire interdire la corrida a été rejetée une première fois (Illustration : Pixabay)

La majorité présidentielle n'est pas non plus en ordre de bataille. Aurore Bergé, présidente des députés Renaissance, avait signé en 2021 une tribune contre la corrida. En commission, Marie Lebec, députée Renaissance, a fait part de son opposition farouche à la « radicalité » du texte, estimant que la corrida était une tradition régionale à protéger. Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est lui-même dit opposé à toute interdiction.

Au cours du weekend, plusieurs manifestations pro et anti-corrida ont eu lieu en France. Dans plusieurs villes du sud-ouest, de nombreux amateurs de la pratique, soutenus par des élus locaux, ont voulu faire entendre leurs voix. Éric Kerrouche, sénateur PS, a déclaré :

Il n’y a pas une façon de vivre à Paris qui doit s’imposer partout. La France est une mosaïque de cultures qui doivent être respectées.

C'est pourtant à Paris que ce sont réunis de nombreux opposants anti-corrida. Marie-Anne Leneveu, du Comité radical anti-corrida (CRAC), a dénoncé :

Les lois devraient être les mêmes sur tout le territoire, ce n'est pas une minorité qui doit imposer son avis à la majorité.

En effet, la corrida jouit d'une exception dans le Code pénal, qui interdit pourtant la maltraitance animale. Un alinéa permet cependant à la tauromachie d'échapper à la règle : la corrida n'est pas considérée comme de la maltraitance aux yeux de la loi si elle est pratiquée dans le cadre d'une tradition locale ininterrompue, ce qui est le cas dans les viles taurines du sud-ouest de la France. Selon un récent sondage, une majorité des Français est opposée à la corrida.