Anti Chasse

La justice en faveur des blaireaux : une décision salutaire

Publié le
22/8/2023

L'une des grandes victoires récentes pour les défenseurs des animaux a été le rappel par le Conseil d'État de la nécessité de protéger les blaireaux. Cette décision, rendue le 28 juillet 2023, met en avant deux principaux points : d'une part, elle réaffirme l'interdiction de tuer les petits blaireaux, et d'autre part, elle souligne le besoin de garantir un état de conservation favorable pour l'ensemble de cette espèce.

L'enjeu est de taille. Chaque année, presque la moitié des départements français donnent le feu vert pour le déterrage. Cette technique consiste à utiliser des chiens pour coincer les blaireaux dans leurs terriers pendant de longues heures. Après cette traque, les animaux sont retirés de leur abri à l'aide d'instruments métalliques avant d'être tués. Cette pratique commence généralement dès le 15 mai, bien avant le début officiel de la saison de chasse en septembre.

Or, le Conseil d'État a précisé que les préfets ne peuvent donner leur accord pour des sessions de chasse supplémentaires que s'ils s'assurent de préserver ces mammifères, protégés par la Convention de Berne. Ils doivent particulièrement veiller sur les jeunes blaireaux qui, jusqu'au début août, dépendent fortement de leur mère. Par ailleurs, l'article L. 424-10 du code de l'environnement est clair : il est interdit de tuer les petits mammifères chassables.

Selon l'ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), la décision du Conseil d’État est une avancée significative. Depuis sa publication, cinq ordonnances ont été émises pour suspendre des périodes de chasse supplémentaires. Ces suspensions se justifient par deux raisons majeures : la protection des jeunes blaireaux et le manque d'informations concrètes détenues par les préfectures sur les populations de blaireaux et les éventuels dégâts qu'elles causeraient.

Blaireau
Les blaireaux jouent un rôle fondamental dans la régulation des espèces nuisibles. 

En 2022, une autre affaire avait fait parler d'elle. Le tribunal administratif de Dijon avait annulé un arrêté de 2020 qui permettait une chasse supplémentaire en Saône-et-Loire. Malheureusement, la décision avait été prise trop tard, et des blaireautins avaient déjà perdu la vie. La Ligue pour la Protection des Oiseaux avait alors critiqué cette chasse supplémentaire, soulignant qu'elle ne reposait sur aucune base scientifique.

Le déterrage des blaireaux est une pratique contestée, jugée cruelle et archaïque par de nombreux défenseurs des animaux. La Fondation 30 Millions d’Amis est l'une des voix fortes demandant son interdiction totale. Selon eux, la plupart des dégâts attribués aux blaireaux seraient en réalité l'œuvre de sangliers, certains provenant même d'élevages. Les blaireaux jouent un rôle bénéfique dans la régulation des nuisibles comme les rongeurs ou les guêpes. Plutôt que de chercher à les détruire, l'accent devrait être mis sur la cohabitation.

La Fondation a déjà pris des mesures concrètes pour mettre fin à cette pratique. Ils ont adressé une requête au ministre de la Transition Écologique et Solidaire, Christophe Béchu, demandant l'interdiction pure et simple du déterrage des blaireaux. À ce jour, leur pétition a recueilli près de 6000 signatures.

Cette récente décision du Conseil d’État nous rappelle à quel point la coexistence pacifique avec la faune est essentielle. Avec l'évolution des mentalités, il est peut-être temps d'envisager des méthodes de gestion de la faune qui respectent la vie et la dignité de tous les êtres vivants.