Actus

Des animaux en détresse : l'envers du décor des tournages révélé

Publié le
1/7/2024

Les coulisses du cinéma cachent souvent des vérités sombres, et une récente étude réalisée par un syndicat français de réalisateurs met en lumière les conditions de vie précaires des animaux sur les plateaux de tournage. Cette enquête appelle à une réévaluation urgente des pratiques de l'industrie cinématographique pour assurer le bien-être animal.

Bien que les génériques de fin affirment souvent qu'"aucun animal n'a été maltraité sur ce tournage", la réalité décrite par 56 professionnels du cinéma dans cette étude commanditée par l'ARA, un syndicat français de réalisateurs, est loin d'être aussi rassurante.

"On n'a rien pour les animaux en termes de cadre légal", déplore Corinne Lesaine, vétérinaire à l'origine de l'étude.

Réalisée entre octobre et février, l'étude compile des témoignages sur 56 films tournés en France, impliquant 506 animaux. Les résultats sont alarmants : dans plus de la moitié des cas, les animaux ont été placés dans des situations de peur ou de détresse, et un tiers des tournages se sont déroulés sous la contrainte.

Des pratiques cruelles révélées

Parmi les témoignages, on trouve des cas d'animaux enfermés dans des cages inadaptées, maintenus par des liens douloureux, ou même anesthésiés pour simuler des scènes de mort. Ces pratiques soulèvent de sérieuses questions sur l'éthique et le respect du bien-être animal dans l'industrie cinématographique.

Heureusement, certains réalisateurs placent le bien-être animal au cœur de leurs préoccupations. La comédie "Le Procès du chien", réalisée par Laetitia Dosch, en est un exemple. Le scénario a été adapté pour respecter les besoins du chien acteur, Kodi. "Dès qu'il n'était pas bien, on s'arrêtait", explique Laetitia Dosch.

Controverses et plaintes

L'utilisation d'animaux sur les plateaux de tournage n'est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus controversée. En 2018, le réalisateur Nicolas Vanier a été critiqué pour la destruction de 500 œufs de flamants roses lors des repérages de son film "Donne-moi des ailes". Aux États-Unis, le film "L'Odyssée de Pi" a également été sous le feu des critiques après que le tigre du Bengale utilisé dans certaines scènes a failli se noyer.

Publicité

Malgré les controverses, les contrôles pour les animaux sauvages restent insuffisants. Une loi de 2021 prévoit d'interdire la détention et le spectacle d'animaux sauvages dans les cirques itinérants d'ici 2028 en France, mais les tournages ne sont pas encore concernés. Corinne Lesaine souligne les dangers de l'imprégnation progressive des animaux sauvages à la présence humaine, ce qui constitue une forme de mise en danger.

Pour améliorer les conditions de vie des animaux sur les plateaux, l'utilisation d'effets spéciaux ou d'animatroniques pourrait être une solution. Le remake du "Roi Lion" en 2019 a montré la voie en utilisant des images de synthèse très réalistes pour représenter les animaux de la savane.

L'étude commanditée par l'ARA dévoile une réalité préoccupante pour les animaux sur les plateaux de tournage. Alors que certains réalisateurs montrent la voie en plaçant le bien-être animal au cœur de leurs productions, l'industrie cinématographique doit repenser ses pratiques pour garantir des conditions de vie dignes à tous les animaux impliqués dans les tournages.