Sciez, un pygargue à queue blanche, un rapace classé espèce protégée, a été retrouvé mort en Allemagne, décapité et amputé de ses deux pattes. Le rapace avait pris son envol il y a quelques mois, dans le cadre d'un programme de réintroduction mené par le parc Les Aigles du Léman, en Haute-Savoie, et était devenu la mascotte de la petite ville de Sciez. Né au sein du parc "Les Aigles du Léman" le 1er avril 2022, il avait pris son envol il y a sept mois, et des centaines de collégiens suivaient ses pérégrinations à travers l'Europe dans le cadre de la réintroduction de l'espèce.
Le directeur du parc a découvert la mort de l'oiseau en Allemagne le 1er avril dernier, jour de son premier anniversaire, après que sa balise GPS a indiqué un point immobile et n'enregistrait plus aucune constante vitale. Il a envoyé une personne sur place pour recueillir la dépouille de l'oiseau. Ce dernier était estomaqué et ne trouvait pas ses mots au téléphone pour raconter ce qu'il avait découvert. L'oiseau a sans doute été pris pour cible par un braconnier, à plus de 800 km de son lieu de naissance, alors qu'il survolait une route. La balle l'a traversé de part en part et l'auteur du tir l'a ensuite découpé "de manière chirurgicale" pour en "faire un trophée". Jacques-Olivier Travers, responsable du programme de réintroduction du pygargue à queue blanche, explique :
L'oiseau n'avait plus de tête, plus de pattes. On a eu un moment difficile, deux jours de tristesse parce que la mort est horrible. Quand on a reçu les premières images, on n'imaginait pas qu'il y avait encore des gens capables de faire ça. Pourquoi arracher la tête, pourquoi couper les pattes ? C'est d'un autre temps. Cela a été dur.
Avant d'ajouter :
Notre chance, si l'on peut dire, c'est que l'idiot qui a fait cet acte-là, n'a pas vu qu'il y avait une balise sur son dos, parce que sinon on n'aurait jamais retrouvé l'oiseau, on n'aurait jamais su ce qu'il s'était passé.
L'histoire de Sciez est d'autant plus édifiante pour l'équipe du parc, qu'il a été tué exactement comme le dernier pygargue vivant au bord du lac Léman, il y a plus d'un siècle.
Tous les éléments relatifs à la mort de Sciez ont été transmis aux services de l'Office Français de la Biodiversité, la "police de l'environnement", qui a pris contact avec l'Allemagne. Les chances de voir le meurtrier interpellé sont minces, mais le directeur du parc espère au moins que la mort de Sciez permettra de continuer à sensibiliser les populations.
Malgré la terrible mort de Sciez, l'espoir est encore permis. En effet, huit bébés sont nés cette année, et six œufs sont encore couvés et prêts à éclore.