Un projet de loi en discussion au Parlement turc a suscité une vive controverse et des inquiétudes quant au sort des chiens errants dans le pays. Porté par le parti présidentiel AKP (Parti de la Justice et du Développement), ce texte prévoit des mesures drastiques pour lutter contre la prolifération des près de quatre millions de chiens errants.
Le projet de loi propose la capture massive des chiens errants, suivie de leur stérilisation et de leur puçage par les municipalités. Si les animaux ne sont pas adoptés dans les trente jours suivant leur capture, ils seraient euthanasiés. De plus, les chiens jugés agressifs ou présentant un risque de rage seraient également abattus.
Cette initiative a déclenché une vague de protestations parmi les défenseurs des droits des animaux et au sein de l'opposition politique. Depuis le début du mois de juin, des manifestations massives ont lieu dans les grandes villes turques, avec des slogans tels que « Castrez, vaccinez et maintenez en vie ». Les manifestants demandent au gouvernement de retirer ce projet de loi, dénonçant ce qu'ils appellent un « massacre » à venir.
Le gouvernement justifie ce projet de loi par des raisons sanitaires et sécuritaires, évoquant une augmentation des cas de rage et des attaques de chiens errants. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Turquie est classée comme un pays à « haut risque » pour la rage. Le gouvernement affirme que les chiens errants sont responsables de plusieurs dizaines de décès par morsure ou accident de la route au cours des dernières années.
Face à la pression publique, le parti présidentiel a annoncé qu'il introduirait un amendement pour préciser les conditions d’euthanasie des chiens errants. Selon cette modification, les chiens ne seraient euthanasiés que si leur comportement représente une menace pour la vie humaine ou animale, s’ils souffrent de maladies en phase terminale, ou si leur abattage est nécessaire pour prévenir la propagation d’une maladie infectieuse aiguë. Cette euthanasie devrait se faire sous la supervision d’un vétérinaire.
Le débat autour du traitement des chiens errants en Turquie est loin d'être terminé. Les défenseurs des animaux et une grande partie de la population turque continuent de s'opposer fermement à toute forme de maltraitance ou d'euthanasie non nécessaire, soulignant l'importance de solutions éthiques et respectueuses de la vie animale.