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Quel Accueil pour les Animaux dans les Établissements de Santé ?

Publié le
25/6/2024

Qu’ils soient compagnons ou aidants, les animaux trouvent de plus en plus leur place dans les établissements de santé, notamment auprès des personnes âgées. En effet, la France a officialisé cette démarche dans la loi « Bien vieillir » en vigueur depuis le 9 avril dernier, permettant aux résidents des Ehpad d'accueillir des animaux de compagnie.

La mesure permettant aux résidents des Ehpad de vivre avec leurs animaux de compagnie a été longuement débattue au Parlement. Initialement retoquée au Sénat, elle a finalement été adoptée par les deux chambres. Désormais, les résidents auront le droit de vivre avec leurs animaux, bien que cela soit restreint aux chiens, chats, poissons rouges et petits canaris, comme l'a précisé Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées.

Cette disposition a reçu un accueil très favorable de la part de différentes associations. Fabienne Houlbert, fondatrice de Terpta, une association aidant les propriétaires à vieillir avec leurs animaux en Ehpad, a expliqué à Libération : « La présence de l’animal est essentielle pour le bon équilibre des pensionnaires. Si cette personne a vécu cinq, six, peut-être dix ans avec un animal et doit s’en séparer parce que l’Ehpad ne l’accepte pas, c’est traumatisant ».

Le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) a également soutenu la mesure, indiquant que la présence d’animaux pourrait favoriser les contacts sociaux entre les nouveaux résidents et ceux déjà présents.

Une étude publiée dans BMC Geriatrics en mars 2023 a souligné les nombreux avantages de la présence d’animaux de compagnie dans les maisons de retraite et autres établissements similaires. Les auteurs affirmaient que cette présence pouvait « avoir un impact significatif sur la santé et le bien-être de certains résidents de maisons de retraite ». L'interaction avec les animaux facilite l’acclimatation des résidents, leur permettant de s'approprier des espaces qui peuvent manquer d'âme.

Les Animaux d’Assistance : Un Cas à Part

La loi « Bien vieillir » n’aborde pas le sort des animaux d’assistance, un sujet traité dans un article du JAMA en juin. Les autrices de cette publication se sont penchées sur la réglementation américaine en la matière et les difficultés rencontrées par les patients pour être accompagnés de leurs animaux dans les établissements de santé.

Les animaux d’assistance, principalement des chiens, ne sont pas des animaux de compagnie classiques. Ils peuvent être guides pour les personnes aveugles, soutenir les personnes autistes ou avertir les diabétiques en cas de taux de glucose anormal. Ils aident également des personnes atteintes de troubles invisibles, comme l'épilepsie, ce qui peut entraîner des malentendus avec les personnels de santé, souvent enclins à demander des justifications ou à interdire l’accès des lieux aux animaux.

Les deux chercheuses soulignent que « le fait que le personnel interroge de manière inappropriée les maîtres-chiens sur leur handicap peut donner lieu à des poursuites judiciaires ». Aux États-Unis, bien que le nombre exact d'Américains bénéficiant de ce soutien soit inconnu, il est en augmentation. En France, selon la Confédération nationale des organisations de chiens d’aide à la personne (Canidea), environ 450 chiens d’assistance sont remis chaque année. Ces animaux peuvent être guides pour aveugles, écouteurs pour les personnes malentendantes, ou encore formés pour assister les personnes à mobilité réduite.

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Défis et Enjeux pour les Établissements de Santé

L’introduction des animaux dans les établissements de santé et les Ehpad pose des défis importants pour le personnel et l’organisation des soins. Certains sénateurs avaient même jugé cette disposition risquée et difficilement applicable.

Risques Sanitaires et Organisationnels

Les rapporteurs Jean Sol et Jocelyne Guidez avaient mis en garde : « Un droit opposable introduirait un réel risque pour les Ehpad, puisque les animaux peuvent poser des risques sanitaires (allergies, hygiène, chutes et morsures), mais aussi organisationnels en cas d’incapacité du résident de s’en occuper ».

Charge Additionnelle pour le Personnel

L'accueil des animaux risque d'ajouter des contraintes supplémentaires aux personnels des Ehpad, souvent en sous-effectifs et déjà confrontés à de nombreuses difficultés. Les détails sur l’organisation de cet accueil restent à préciser, en attendant la publication des arrêtés promis par le gouvernement. La dissolution de l’Assemblée nationale pourrait cependant remettre certaines choses en question.

L’intégration des animaux de compagnie et d’assistance dans les établissements de santé et les Ehpad représente une avancée significative pour le bien-être des résidents. Toutefois, elle nécessite une organisation rigoureuse et une sensibilisation accrue du personnel. Les bénéfices pour la santé et le bien-être des résidents sont indéniables, mais les défis logistiques et sanitaires doivent être soigneusement gérés pour garantir le succès de cette initiative.