Les récentes conclusions de chercheurs spécialisés dans l'observation des orangs-outans sur l'île de Bornéo sont alarmantes : en 20 ans presque 150 000 singes auraient disparus. Cela représenterait environ de 50 à 70% de la population d'orangs-outans de l'île en fonction des estimations.
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L'étude, menée entre 1999 et 2015, a permis d'analyser le déclin de la population de ces grands singes grâce à des images satellite. En effet, ils vivent au sommet des arbres, dans des nids facilement identifiables sur des photographies prises du ciel.Il a ainsi été observé que les orangs-outans seraient passés de 200 000 à 300 000 en 1999, à 70 000 à 100 000 en 2015. Les causes de cette chute drastique de la population seraient essentiellement liées à l'activité humaine sur l'île.
D'après l'étude publiée par le magazine scientifique Current Biology (étude en anglais), environ 70% des décès d'orangs-outans seraient dus à des humains.Les causes seraient variées et comprendraient la culture de l'huile de palme qui détruit l'habitat naturel des singes, la chasse des singes pour leur viande et la peur de ces grands mammifères.Récemment un orang-outan a ainsi été tué de 17 balles dans le corps avant d'être décapité puis brûlé par des employés de plantation effrayés.
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D'après Maria Voigt, chercheuse en charge de cette étude, les habitants de l'île de Bornéo chassent aussi occasionnellement les singes pour leur viande.
Les orangs-outans ne sont pas leurs proies de prédilection. Ils préfèrent les cochons et les chevreuils mais ils vont tout de même en chasser un s'ils le croisent.
Les bébés orangs-outans sont aussi victimes des habitants de Bornéo, car ils sont capturés pour être revendus illégalement en tant qu'animaux de compagnie.
Selon leurs observations sur ces 20 dernières années, les chercheurs considèrent que 45 000 singes supplémentaires pourraient disparaitre d'ici 2050. Les 10 000 vivant sur des terres encore forestières menacées par la culture de l'huile de palme sont également en danger.Pour Serge Wich, professeur de l'université de Liverpool et co-auteur de l'étude, la capacité d'adaptation de ces singes ne pourraient pas leur permettre de faire face aux dangers actuels :
Les orangs-outans sont une espèce qui se reproduit très lentement. Les simulations réalisées dans des études plus anciennes indiquent que si ne serait-ce qu'un adulte sur 100 est retiré de la population de singes chaque année, alors l'espèce court un grand risque de s'éteindre.
Pour autant, quelques bonnes surprises laissent à penser qu'il reste un espoir de sauver les orangs-outans si les bonnes mesures sont mises en place rapidement.
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En effet, les comptes de singes réalisés directement sur l'île donnent des chiffres un peu plus élevés que les comptes par imagerie satellite. De plus, dans certaines régions de l'île, de type réserves naturelles, les populations restent stables.Cela montre donc qu'avec quelques efforts de protection de l'habitat naturel du singe et de sensibilisation de la population, il est possible d'inverser la tendance.
Cela demande de la persévérance, une bonne collaboration avec le gouvernement et du soutien de la part des habitants, ainsi que des entreprises qui occupent le territoire. Une fois que les forêts seront protégées et que l'on aura mis fin la chasse, la population d'orangs-outans pourra se stabiliser.
Cela semble demander des efforts très importants mais, en réalité, la collaboration s'est déjà mise en place à Bornéo. Une plantation d'huile de palme s'est, par exemple, engagée à protéger 150 orangs-outans sur ses terres.