Mézilles, une petite commune située dans l'Yonne, abrite l'un des plus grands élevages de chiens de laboratoire en France. L'association de défense des animaux, One Voice, a choisi de lever le voile sur ces pratiques en dénonçant l'existence de tels établissements et en réclamant davantage de transparence sur ces lieux qui demeurent largement méconnus du grand public.
Le Centre d'élevage des Souches (CEDS), implanté à Mézilles, opère dans l'ombre, caché dans les bois en périphérie du village. Propriété depuis 2021 de l'entreprise américaine Marshall BioResource, cet établissement accueille des milliers de chiens, principalement des beagles mais aussi des golden retrievers, destinés à des expériences en laboratoire. Les chiens passent leur vie dans des chenils grillagés, cloîtrés derrière de hauts grillages et des détecteurs de présence. Jessica Lefèvre-Grave, Directrice des relations externes et des investigations pour One Voice, témoigne de la difficulté de l'association à obtenir des informations sur cet élevage.
L'association One Voice lutte depuis un quart de siècle pour obtenir davantage de transparence concernant le Centre d'élevage des Souches. Jessica Lefèvre-Grave rappelle qu'une première victoire a été remportée il y a quelques années avec l'interdiction de son expansion. Cependant, l'association entend désormais attirer l'attention du public sur ces méthodes dépassées en lançant un appel à la mobilisation pour le 2 septembre 2023. Elle estime que les expérimentations animales d'une telle cruauté ne doivent plus avoir leur place.
Ces chiens, qui pourraient être nos propres compagnons, sont élevés dans des conditions carcérales impensables.
L'élevage en question fonctionne selon un modèle industriel. Les 500 femelles reproductrices enchaînent les grossesses de manière incessante, selon les dires de Jessica Lefèvre-Grave. Les chiots ainsi produits rejoignent les rangs des 1500 chiens destinés à l'expérimentation animale dès l'âge de deux mois. Cette réalité est en totale contradiction avec les besoins affectifs de races comme les beagles et les golden retrievers, qui sont particulièrement demandeurs d'affection.
Un sondage réalisé par Ipsos pour le compte de One Voice a révélé que 75 % des Français sont opposés à l'expérimentation animale. Ce chiffre atteint même 85 % lorsqu'il s'agit d'expérimenter sur des chiens. Pourtant, la France et l'Angleterre sont les plus gros utilisateurs de chiens de laboratoire en Europe, avec plus de 4000 procédures chaque année, selon les données de One Voice. L'association réclame une plus grande transparence dans les contrôles effectués par les services vétérinaires ainsi qu'un investissement financier accru pour soutenir les méthodes alternatives en recherche médicale.
Malgré tout, des alternatives existent. Muriel Arnal, la Présidente de One Voice, souligne que de nombreuses start-up pourraient développer de nouveaux protocoles basés sur des méthodes de modélisation, excluant l'utilisation d'animaux pour la recherche. Cependant, ces initiatives nécessitent des financements conséquents, et le modèle économique actuel reste trop lucratif pour encourager ce changement.
Un rassemblement est prévu devant la préfecture de l'Yonne le 2 septembre 2023 à l'appel de One Voice. Une pétition en ligne a également été lancée pour exiger la cessation de l'utilisation des chiens dans les laboratoires.