Le gouvernement a dévoilé, le 9 janvier 2023, son plan autour de la chasse, alors que de plus en plus de Français réclament des mesures concrètes pour enfin se sentir en sécurité lorsqu'ils se promènent en forêt et à la campagne. De nombreuses personnes et associations demandaient notamment l'instauration d'un jour sans chasse, le dimanche. Hélas, le gouvernement n'a pas tenu compte de cette revendication.
Ce sont pourtant les autorités elles-mêmes qui avaient évoqué l'instauration d'une demi-journée sans chasse, à la fin de l'année 2022. Mesure finalement abandonnée. Bérangère Couillard, secrétaire d'État à l'écologie, a déclaré :
L’objectif auquel je crois profondément est celui de tendre vers le zéro accident. C’est une sécurité renforcée 7 jours par semaine que nous recherchons.
Les pistes privilégiées par le gouvernement sont ailleurs. L'accent est d'abord mis sur le renforcement de la sensibilisation et de la formation des chasseurs sur les questions de sécurité. Il s'agit également de mettre en place des règles de sécurité renforcées lors des parties de chasse et de mieux assurer le partage de l'espace entre les usagers.
Le gouvernement prévoit aussi le renforcement des sanctions en cas d'accident grave, avec la suspension du permis de chasse et l'interdiction de le repasser. La question de l'alcool, qui avait déjà fait débat par le passé, a été évoquée, puisqu'une contravention sanctionnant l'activité de chasse sous l'empire de l'alcool va être créée.
Enfin, une plateforme numérique d'information sera lancée pour mieux informer le public et lui permettre d'identifier les zones chassées et les plages horaires concernées par la chasse.
Ces annonces ont reçu un accueil plutôt froid de la part des associations. Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), n'a pas manqué de dénoncer la prise de position des autorités.
La ministre n'a absolument pas dit si elle donnerait des moyens supplémentaires à l'Office français de la biodiversité, qui assure les missions de contrôle. Ensuite, il y a la solution miracle qui serait une application permettant d'identifier les dangers. Je trouve que la démarche frise le mensonge. D'abord parce que l'application n'est pas obligatoire et ensuite parce qu'elle ne passe pas partout en France. Enfin, parce que certains n'ont absolument pas envie d'être identifiés dans leur exercice de chasse.
Avant de conclure :
Pas un mot sur la biodiversité, sur le vivant. On relâche quand même 20 millions d'animaux élevés dans des conditions discutables, dans des élevages pour être lâchés devant les fusils. Chaque année, l'exécutif est passé à côté d'une formidable opportunité de réforme qui accouche d'un plan à la Raboliot.
Si la non-instauration du jour sans chasse fait le bonheur des chasseurs, ceux-ci n'apprécient guère l'idée de l'application. Willy Schraen, le président de la Fédération nationale de la chasse, a déjà annoncé qu'il ne l'utiliserait pas. Il a ainsi déclaré dans les colonnes du journal La Dépêche :
Je suis totalement contre ça et je ne déclarerai jamais ma battue. 85 % des forêts sont des forêts privées en France. Si je suis chez moi, c'est ma propriété privée, je n'ai aucun flicage à avoir en ce qui me concerne. En revanche, je laisse passer, et tout le monde laisse passer les gens sur les propriétés privées, et ça s'est toujours bien passé dans nos campagnes.
La question de la chasse préoccupe de plus en plus les Français. Selon un dernier sondage, une très grande majorité d'entre eux se sont prononcés pour l'instauration d'un jour sans chasse, mais le gouvernement continue de brosser les chasseurs dans le sens du poil. Tout au long de son précédent quinquennat, le président Macron n'a eu cesse de leur faire des appels du pied et de proposer des mesures favorisant la pratique de la chasse. Candidat à sa réélection, il avait continué son opération de séduction, les chasseurs gardant un poids politique important.
Pour faire enfin bouger les choses, n'hésitez pas à signer notre pétition pour une grande réforme de la chasse en France.
(Image d'illustration : Guillaume Souvant/AFP)