Protection

La souffrance animale bientôt prise en compte dans le prix de la viande ?

Publié le
2/5/2023

La Cour des comptes européenne recommande d'intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande. Dans un rapport publié le lundi 17 avril 2023, la Cour des comptes européenne (ECA) s'est penchée sur la question du transport des animaux d'élevage et sur la réglementation en matière de bien-être animal. Selon ce rapport, environ 1,6 milliard d'animaux, principalement des volailles et des porcs, sont transportés chaque année entre l'Union européenne et les pays tiers pour nous nourrir. Toutefois, ces déplacements sont avant tout motivés par une logique de rentabilité et d'économies d'échelle, sans considération pour le bien-être animal. Les animaux sont souvent transportés sur des distances importantes, ce qui entraîne du stress, de la faim, de la soif et de la souffrance. La France, par exemple, envoie des veaux par camion en Espagne pour qu'ils soient engraissés avant d'être réexportés vers la Turquie ou Israël pour y être abattus dans des conditions souvent contestables.

La Cour des comptes européenne recommande ainsi d'éviter les trajets de plus de huit heures, d'avoir recours à des abattoirs de proximité et de favoriser le transport de la viande plutôt que des animaux vivants. En effet, aujourd'hui, il est souvent plus rentable de transporter des animaux vivants que de la viande. Toutefois, pour que cela change, la Cour des comptes propose d'intégrer le coût de la souffrance animale dans le prix de la viande en lui attribuant une valeur monétaire. L'idée est d'ajouter un coût supplémentaire au transport pour refléter la souffrance animale subie, et in fine de répercuter cette valeur dans le prix de la viande.

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Ce concept, bien que révolutionnaire, est encore à l'état de proposition. Toutefois, la Suédoise Eva Lindström, auditrice de la Cour, est convaincue que cela peut fonctionner. Elle rappelle que les consommateurs sont déjà prêts à payer plus cher s'ils sont mieux informés des conditions d'élevage. En effet, plusieurs enquêtes de la Commission européenne ont montré que les consommateurs sont sensibles aux conditions d'élevage des animaux et qu'ils sont disposés à payer plus cher pour une viande produite dans des conditions plus respectueuses du bien-être animal.

Actuellement, seule la réglementation sur les œufs en Europe contient un code pour savoir si la poule a été élevée en cage, au sol, en plein air ou en bio. Pour la viande, il faudrait aussi savoir comment elle a été transportée jusqu'à l'abattoir. Toutefois, la prise en compte de la souffrance animale dans la facture finale de la viande est encore loin d'être adoptée en Europe. En effet, il n'y a pas encore de consensus entre les États membres de l'Union européenne sur cette question.