Protection

La LPO demande des mesures pour lutter contre la surmortalité des dauphins

Publié le
28/2/2023

Depuis la fin de l'année 2022, 400 cadavres de dauphins ont été retrouvés sur les plages du littoral atlantique. Ce chiffre donne le vertige : il est en très forte augmentation par rapport aux années précédentes, ce qui laisse craindre le pire pour les mois à venir. Chaque année, des cétacés sont victimes de la pêche intensive, et les échouages ne représentent, selon les experts, que 20 % des animaux victimes. Les autres n'atteignent jamais les côtes, et les associations estiment qu'environ 10 000 dauphins meurent en réalité des conséquences directes de la pêche, comme l'explique le site d'informations France Bleu. D'après l'observatoire Pelagis, la majorité des cadavres de cétacés affiche des traces d'engins de pêche.

Face à cette situation intenable, la Ligue de Protection des Oiseaux demande des mesures concrètes aux autorités. Allain Bougrain-Dubourg, le président de l'association, s'emporte :

L'océan se rougit du sang des dauphins, et Emmanuel Macron regarde ailleurs.

Une vision qui n'est pas partagée par le gouvernement lui-même, puisque Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et solidaire, affirme :

[Nous avons pris un décret] pour obliger 200 bateaux à s’équiper d’effaroucheurs sonores, pour les dauphins s'éloignent des bateaux. C’est environ la moitié de la flotte.

Le 22 février 2023, la LPO a quand même organisé un rassemblement aux Invalides. Allain Bougrain-Dubourg ajoute :

On demande d'en finir avec ces massacres insupportables qui durent depuis plus de 30 ans. [Le président] ne prend pas les mesures qui s'imposent, je lui demande d'écouter les scientifiques, le droit, mais aussi les Français qui lui imposent d'en finir. On ne peut plus admettre le 'en même temps'. Il va bientôt nous proposer un sommet sur la planète et sur les océans, mais pour qui va-t-il passer ?

Pour lui, les mesures déjà prises ne servent à rien. Les caméras à bord des navires, par exemple, ne servent qu'à « constater le massacre ». Afin de lutter efficacement contre cette tragédie, la LPO, ainsi que d'autres associations, comme France Nature Environnement ou la Sea Shepherd, demandent des mesures efficaces et concrètes, à savoir la suspension de la pêche dans certaines zones, durant certaines périodes. C'est d'ailleurs ce qu'a préconisé le Conseil d'État, deux jours après le rassemblement, en demandant une suspension dans les six mois de la pêche dans le golfe de Gascogne. Bien entendu, les pêcheurs industriels sont fermement opposés à cette mesure. Le président de la LPO rappelle :

Les dauphins agonisent dans des conditions inacceptables : un dauphin pris dans un filet agonise pendant 30 minutes avant d'être libéré par la mort.

Emmanuel Macron a finalement pris la parole à la fin du mois de février, lors du salon de l'agriculture, et s'est dit « choqué » par les images des échouages, comme le rapporte le journal Le Nouvel Obs :

La décision de justice, il faut la respecter. On s’est toujours engagés […] Les scènes qu’on a vues, elles sont très difficiles à voir […]. Il faut respecter ce qui, de toute façon, est décidé. C’est un problème que je prends très au sérieux. Je suis, comme vous, choqué.

Allain Bougrain-Dubourg conclut :

Attendre, encore et toujours, c’est être complice de graves maltraitances sur une espèce protégée. Nous ne souhaitons pas stigmatiser les pêcheurs, bien au contraire. Mais, surtout, il ne faudrait pas qu’Emmanuel Macron attende pour agir. Nous sommes dans la saison du massacre. Le droit est dit. Il doit être mis en œuvre dans l’instant car chaque jour, de l’agonie s’ajoute à l’agonie.

(Image d'illustration : Sea Shepherd)