[Mise à jour 1er décembre 2016] L'association PETA France vient de publier une enquête filmée en caméra cachée dans un laboratoire français dont les expériences sur les chiens seraient, selon elle, financées par les fonds levés par le Téléthon. Pour en savoir plus, lire notre article en cliquant ici.
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Le Téléthon 2016 débutera ce vendredi 2décembre. Cette grande messe de la générosité, qui rassemble tous les ans des millions de téléspectateurs, a déjà fait polémique quant à la gestion des sommes récoltées ou en raison de l'utilisation médiatique d'enfants malades.Mais le Téléthon a une autre face cachée qui risque de bouleverser tous les amis des animaux : l'expérimentation sur des chiens cobayes.
Source : France Télévisions
Chaque année, à l'issu du marathon télévisuel, les dons atteignent près de 100 millions d'euros. En 2015, la cagnotte s'est ainsi élevée à plus de 93 millions d'euros.Si personne ne sait combien d'animaux sont directement concernés par les programmes de recherche que finance l'AFM Téléthon, l'association qui gère les fonds récoltés, ce financement a été officiellement reconnu par l'organisme.Sur son site, l'AFM Téléthon explique :
Ces expérimentations scientifiques, qu’elles interviennent dans le domaine médical, biomédical et pharmaceutique, reposent aujourd’hui sur des modèles dits alternatifs (in vitro, in silico), mais aussi sur le modèle animal.
Bien sûr, l'AFM Téléthon n'a pas reconnu officiellement qu'il s'agissaitpour partie d'expériences conduites sur des chiens de laboratoire. Cependant, il est établie que les recherches sur la myopathie, l'un des combats historiques du Téléthon, impliquent l'utilisation de chiens, de Beagles notamment, qui vivent un véritable calvaire.
Source : Rue89
Audrey Jougla, journaliste et auteure du livre "Profession : animal de laboratoire", a ainsi visité un laboratoire où étaient conduites des recherches sur la myopathie de Duchenne, financées en partie par l'AFM Téléthon. Elle raconte son enquête passionnante dans les colonnes dusite Rue89:
Montrer comment s’effectue la recherche irait à l’encontre même des objectifs du Téléthon et surtout de sa méthode : l’impact émotionnel. Les chiens ne peuvent plus s’alimenter, et vivent donc avec une sonde pour être nourris, ils ont des difficultés respiratoires et motrices très lourdes. Certains chiots ressemblent déjà à des robots et ne font quelques pas qu’au prix d’un essoufflement accablant. Cette réalité occultée par l’AFM Téléthon, dont les affiches sont présentes dans les couloirs du chenil, est très dure à supporter.
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Beagle de laboratoire enfermé dans un chenil, aux États-Unis. Source : Perseides[/caption]
Si certains chiens subissent des expérimentations, d'autres servent simplement de témoins : les scientifiques leur inoculent la maladie et la regardent se développer. Audrey Jougla continue :
Cette souffrance créée et non soulagée fait partie des aspects dénoncés par les associations de protection animale, qui soulignent l’inutilité de ces protocoles pour une maladie dont l’évolution sans traitement est bien connue.
Si les Beagles sont les chiens privilégiés dans les travaux sur la myopathie, c'est qu'ils sont extrêmement dociles. André Ménache, directeur d'Antidote Europe, une association qui lutte contre l'expérimentation animale, expliquedans le JDD:
Les Beagles sont une race ni trop grande, ni trop petite, et qui viendra vous lécher la main quoi que vous fassiez. La majorité des Beagles sert à tester des médicaments. On leur en fait avaler deux ou trois fois par jour, en leur mettant une sonde dans l'estomac, sans analgésique, ni anesthésie.
Source : ParisMatch
Sur les deuxmillions d'animaux utilisés chaque année en France dans les laboratoires, 3000 sont des chiens. Des Beagles surtout, mais aussi des Briards et des Goldens Retrievers.L'utilisation de chiens peut surprendre.François Lachapelle, le président du Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche (Gircor), rappelle la raison du choix de cet animal pour de nombreuses recherches au JDD:
D'abord, parce que nous partageons avec lui une plus grande proximité génétique. Mais aussi parce que sa taille et son poids sont proches de ceux d'un enfant, sa fréquence cardiaque voisine de la nôtre. Et parce qu'on peut mener sur lui des études de long terme… La souris, elle, ne vit pas plus de 2 ans.
Source : Forcechangecom
Pourtant, même si les défenseurs de l'expérimentation animale défendentque ces expériences ont permis des progrès de la médecine, de plus en plus de chercheurs joignent leurs voix à celles des associations de défenses des animaux pour mettre en cause la pertinence scientifique de ces méthodes.L'association Antidote Europe, qui rassemble des chercheurs éminents opposésà l'expérimentation animale pour des raisons strictement scientifiques, explique ainsi sur son site :
Il est très important que le public apprenne qu’il n’y a pas consensus au sein de la communauté scientifique et médicale. Beaucoup de questions (dont la pertinence du « modèle animal ») font débat. C’est important parce que plusieurs réglementations dont notre santé dépend se fondent sur l’hypothèse que le « modèle animal » serait pertinent pour prévoir les réactions physiologiques humaines.
Le Téléthon a sans doute permis d'importants progrès de la recherche et une meilleure compréhension de certaines maladies graves. Et l'enjeu n'est bien entendu pas de diaboliser cette initiative mais d'informer le plus grand nombre sur cette réalité méconnue, pour qu'ensuite, chacun puisse faire un choix conscient et éclairé.
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Téléthon : nouvelles révélations choc sur la souffrance des chiens de laboratoire