Trois associations de défense des animaux, One Voice, ASPAS et AVES France, ont entrepris une action en justice dans plusieurs départements de France pour annuler des arrêtés préfectoraux autorisant le déterrage des blaireaux en dehors des périodes de chasse. La Haute-Vienne est l'un des départements visés par cette initiative. En effet, un arrêté de la préfecture autorise le déterrage des blaireaux dès le 15 mai prochain, huit mois sur douze, au lieu du 15 septembre, date de l'ouverture générale de la chasse pendant quatre mois. Les trois associations ont contesté cet arrêté et ont obtenu gain de cause au tribunal administratif de Limoges.
Le blaireau a été retiré de la liste des nuisibles en 1987, après avoir été presque exterminé par gazage. Depuis, il est chassé sur tout le territoire comme tout autre animal de la faune sauvage. Cependant, la loi interdit de tuer les petits, ce qui est une violation du code de l'environnement. Malgré cela, la Haute-Vienne compte plusieurs dizaines d'équipages de vénerie sous terre qui pratiquent donc le déterrage des terriers, une pratique que les associations dénoncent.
Pour justifier cette période de déterrage supplémentaire, la préfecture de la Haute-Vienne s'appuie sur le fait que l'espèce n'est pas menacée dans le département et qu'elle aurait causé d'importants dégâts sur des bâtiments agricoles, des engins agricoles et des cultures. Cependant, les trois associations soulignent que les blaireaux sont très craintifs et leur activité se limite aux forêts et sous-bois pour se nourrir, et qu'il est donc peu probable qu'ils causent de tels dégâts. De plus, la période du printemps est celle des petits, qui sont nés en février-mars. À ce stade, la blairelle est allaitante et sa portée peut aller de deux à six petits.
50% de la portée meurt (hors chasse) dans les premières semaines et la maturité sexuelle des petits s'adapte au milieu et au climat. Sur nos territoires, ils n'atteindront leur maturité sexuelle qu'au bout de neuf ou dix mois. Selon les associations, tuer les blaireaux pendant cette période de reproduction est une violation du code de l'environnement
Des tribunaux administratifs ont déjà annulé l'extension de la période de chasse du 15 mai au 15 septembre, où commence la période de chasse générale, pour des raisons telles que la violation de l'obligation de consultation du public, qui n'a pas été informé. Le tribunal administratif de Limoges a également annulé l'arrêté de la préfecture en 2020 et 2022, et d'autres tribunaux administratifs se sont prononcés sur la question, tels que ceux de Dijon, Nantes, Amiens, Montpellier et Caen.
Les associations demandent l'annulation de tous les arrêtés préfectoraux autorisant le déterrage des blaireaux en dehors des périodes de chasse. Elles estiment que cette pratique est inacceptable et que les blaireaux doivent être protégés. Selon Nicolas Yahyaoui, juriste de l'association One Voice, les préfectures sont très proches des chasseurs et ils sont très présents dans les commissions chargées de conseiller le préfet ou la préfète sur l'adoption de ces arrêtés. Il estime que l'État et les chasseurs sont main dans la main.
Coline Robert, avocate des associations ASPAS et AVES France, souligne que désigner les blaireaux responsables de dégâts sur des bâtiments ou des engins agricoles signe une méconnaissance totale de l'espèce. Les blaireaux sont des animaux très craintifs et leur activité se limite aux forêts et sous-bois pour se nourrir, il est donc peu probable qu'ils causent de tels dégâts.