Alors que les associations de défense des animaux pensaient avoir remporté la partie, le gouvernement en a décidé autrement. Le 7 octobre 2022, le ministère de l'Écologie a publié quatre arrêtés dans le Journal officiel, arrêtés autorisant quatre chasses traditionnelles aux petits oiseaux. Ces chasses avaient pourtant été suspendues par le Conseil d'État l'année dernière.
L'association One Voice, qui milite depuis longtemps contre ces pratiques, explique :
Les arrêtés du 4 octobre 2022, relatifs au nombre et à la capture des alouettes des champs, dans les Landes, le Lot-et-Garonne, mais aussi en Gironde, et dans les Pyrénées-Atlantiques, à l’aide de pantes et de matoles sont une fois de plus un non-sens vis-à-vis de la directive Oiseaux, qui explicite notamment que les pièges doivent être sélectifs. Et une fois encore ils ont été publiés un vendredi, comme l’année dernière, pour permettre aux chasseurs de commencer à tuer les oiseaux tout le week-end, avant que nous puissions intervenir.
En Gironde, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans le Lot-et-Garonne et dans les Landes, ce sont au total plus de 105 000 alouettes des champs qui pourront ainsi être chassées. Il faut également ajouter à ce nombre déjà bien trop élevé tous les autres oiseaux qui auront le malheur de se retrouver piégés également. One Voice a déjà annoncé qu'elle déposerait des recours devant le Conseil d'État, comme elle l'a déjà fait par le passé.
Muriel Arnal, présidente de One Voice, s'insurge :
Les oiseaux sont des êtres vivants à protéger en tant que tels. Ils sont parmi les plus durement frappés par la sixième extinction de masse des espèces que nous vivons actuellement, les pesticides les met dans une situation de famine chronique, l’urbanisation porte préjudice aux populations par le bruit, la lumière et le manque de lieux ou nidifier... La sécheresse et les incendies de cet été ont fini de les frapper de plein fouet. Il est essentiel que nous nous mobilisions pour eux. Ces arrêtés « chasses traditionnelles » sont une honte.
La Ligue de Protection des Oiseaux compte elle aussi se mobiliser. Allain Bougrain-Dubourg, son président, s'est emporté dans un communiqué :
La décision d'Emmanuel Macron de rétablir des pratiques moyenâgeuses affectant une espèce fragile va à l’encontre de ses prétentions et désavoue son propre ministre qui avait garanti attendre le jugement du Conseil d’État avant toute décision.
Cette décision va à l'encontre même des directives européennes qui interdisent les techniques de capture massive d'oiseaux sans distinction d'espèces. Une exception : si la méthode de capture est la seule méthode satisfaisante, ce qui n'était pas le cas ici, puisqu'en 2021, le Conseil d'État avait déjà suspendu des arrêtés similaires.