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Chasse à courre : des députés proposent l'abolition

Publié le
15/12/2017

Le 22 novembre dernier, la sénatrice et ancienne ministre Laurence Rossignol à déposé avec 13 autres sénateurs une proposition de loi visant à abolir la chasse à courre en France d'ici le 1 juin 2018. La rédaction de ce texte fait suite à l'abattage d'un cerf qui s'était réfugié dans le jardin d'un particulier lors d'une partie de chasse il y a deux mois, provoquant la colère des associations de défense des animaux.

Source : MLAR

Un an de prison et 15 000€ d'amende

Cette proposition de loi consiste à ajouter deux articles pour préciser l'article L. 424-4 du code de l'environnement. Leur adoption permettrait de mettre fin à la chasse à courre en interdisant les meutes de chiens de chasse, il ne sera alors«plus délivré aucune attestation de meute destinée à l'exercice de la chasse à courre, à cor et à cri».Si un chasseur venait à enfreindre cette loi, alors il serait susceptible d'être condamné à un an de prison et jusqu'à 15 000€ d'amende.Le texte contient également un plan de réhabilitation des chiens de chasse afin d'éviter que leurs propriétaires ne les abandonnent ou les euthanasient si la loi entrait en vigueur.

"Une pratique d'une autre époque"

Source : Picardie Populaire

La chasse à courre ou vénerie est une pratique ancienne qui consiste à faire poursuivre par une meute de chiens un animal sauvage jusqu'à qu'il s'épuise. Il est alors mis à mort à l'arme blanche. Cette méthode de chasse entraîne un grand stress chez les animaux sauvages poursuivis et peut leur causer de grandes souffrances comme le rappelle Laurence Rossignol :

Les examens biochimiques effectués sur des échantillons de muscle et de sang de cerfs victimes sont caractéristiques d'un grand stress et de souffrances spécifiques

Pour la sénatrice, il s'agit d'une "pratique d'une grande brutalité", ce que confirme par ailleurs le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot en la qualifiant de "pratique d'une autre époque".

Une pratique qui génère des conflits

Si la vénerie ne nécessite pas d'arme à feux et ainsi risque moins de provoquer des accidents graves que la chasse classique, elle n'en génère pas moins des conflits avec les promeneurs ou les riverains.Les équipages de chasse provoquent des blocages de routes ou de chemins forestiers qui engendrent des "différents sérieux" d'après Laurence Rossignol.

Source : Picardie Populaire

L'affaire récente du cerf abattu dans le jardin d'un particulier a également mis en lumière le conflit principal qui oppose les chasseurs et les riverains. Ces derniers souhaitent généralement protéger les animaux qui viennent se réfugier sur leur propriété alors que les veneurs tuent souvent l'animal au nom du droit de suite (l'autorisation de tuer l'animal même si il est sur un terrain privé lorsque celui-ci est blessé).

Un sujet qui ne fait pas l'unanimité politique

Cette proposition de loi pour abolir la chasse à courre n'est pas la première à être présentée au Parlement. Une première a déjà été déposée par des députés UMP en 2005, puis par les députées écologistes Barbara Pompili et Laurence Abeille en 2013. Cette dernière tentative n'avait même pas été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale.

Source : Jacques Lanciault

Avec un président de la République qui a affirmé son soutien aux chasseurs adeptes de la chasse à courre il y a quelques semaines seulement, il ne semble pas impossible que cette troisième tentative ne rencontre pas le succès escompté.

Une grande majorité de français contre la chasse à courre

Pourtant, un sondage de l'IFOP publié récemment, 84% des Français sont pour l'interdiction de la chasse à courre. 82% sont également en faveur de l'instauration du dimanche comme journée non chassée, tous types de chasse confondus.Une pétition de la Fondation 30 Millions d'Amis pour l'abolition de la chasse à courre à déjà réuni plus de 100 000 signatures.En France, l’association Rassemblement pour une France sans Chasse milite pour l’abolition de la chasse. D’après l’association, 40 millions d’animaux sont abattus par les chasseurs français chaque année. Le RAC pointe également les accidents de chasse qui se produisent chaque saison.De son côté, l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages a lancé une pétition pour demander l’arrêt de la chasse le dimanche.