Pierre Rigaux, naturaliste connu pour son engagement contre la chasse, a publié à la fin du mois de mars 2021 une vidéo dénonçant la chasse au sanglier près de Troyes (Aube), comme le rapporte le site d'informations France 3.
Pierre Rigaux dénonce en particulier les méthodes des chasseurs, qui nourrissent les sangliers pour entretenir les populations et donc les cibles potentielles. Les chasseurs prétendent pourtant réguler le nombre d'animaux qui ont tendance à pulluler. Animaux qu'ils ont donc eux-mêmes nourris pour favoriser leur présence. Le naturaliste explique également que les membres de l'amicale de chasse des Hautes-Ventes épargnent sciemment les femelles. Il explique :
[Ils] distribuent toute l'année du maïs stocké dans un silo agricole en quantité impressionnante (qui apporte un complément alimentaire notable, autorisé localement pour dissuader les sangliers d'aller se nourrir dans les cultures agricoles). Les problèmes de cohabitation avec les sangliers et de dégâts aux cultures ne sont jamais réglés, malgré l'augmentation continuelle des périodes de chasse : ouverture dès juin-juillet dans la plupart des départements, voire mai ou avril dans certains.
Ces pratiques n'ont cependant rien d'illégal. David Gueu, le président de l'association de chasse, dénonce, quant à lui, l'entrée illégale de Pierre Rigaux sur sa propriété. Il ajoute :
[Mon] intérêt n'est pas de disposer de beaucoup de sangliers et que l'agrainage n'a pas de conséquence sur ces animaux car ils trouvent l'essentiel de leur nourriture sans aide humaine.
Mais pour le naturaliste, la question dépasse la légalité de la pratique.
La chasse en France n'est pas organisée pour "réguler" réellement, mais pour s'auto-entretenir. Il ne s'agit pas d'accuser les chasseurs d'être seuls responsables de l'abondance des sangliers et des dégâts agricoles, mais force est de constater que la chasse de loisir ne permet pas de réduire leurs effectifs et donc de répondre aux conflits avec le monde agricole.
La pratique de l'agrainage ne fait pas non plus l'unanimité du côté des agriculteurs. Pour la confédération paysanne :
La pratique est l’une des causes de la prolifération des sangliers. Car les stocks de nourriture qu’apportent les chasseurs dans l’habitat des suidés, s’additionnent aux ressources de la forêt dont disposent déjà les bêtes.
Du côté de la FDSEA, le son de cloche est différent. Gauthier Bruno, responsable du dossier "dégât lié au gibier" pour le syndicat, ajoute :
Si on ne met pas en place l’agrainage dès maintenant, expliquait-il, on fait courir un risque pour nos plantations. Cette année, les dégâts sont déjà estimés à 600.000€ dans l’Aube. C’est le double de l’année dernière.