Taiji,un petitbourgsur la côte sud-est du Japon.Une ville de quelques milliers d'habitants, rendue tristement célèbre pour son massacre de dauphins.Comme chaque année,les bateaux ont quitté le portle 1er septembrepour se rendre plus au large des côtes, à la recherche de groupes de cétacés. Le but: les rabattre dans la baie, où ils seront pris au piège et où la plupart seront massacrés sans aucune chance de survie, encerclés de filets.
Source : @Sea Shepherd
Les bateaux, équipés de tubes métalliques, partent aux premières lueurs de l’aubepour trouverdauphins, marsouins et autres petites baleines, dont les pêcheurs connaissent les routes migratoires.Dès qu’un groupe est repéré, les pêcheurs l’entourent et frappent sur les tubes à l’aide de maillets, brouillant le sonar des dauphins qui fuient alors vers les côtes et non vers le large. Il s’agit là du principe même de la «chasse au rabattage», méthode qui consiste à ramener les animaux dans la baie. Celle-ci se transforme alors en prison, et, pour la plupart des dauphins, en cimetière à ciel ouvert.
Source : @Sea Shepherd
Il n’existe aucune distinction ou sélection entre les individus ainsi rabattus: mâles, femelles, bébésou animaux plus âgés, ce sont des groupes entiers de cétacés qui sont ramenés dans les filets. Durant très longtemps, les pêcheurs ont utilisé une technique bien rodée pour abattre les animaux : le harponnage. L'eau de la baie secolorait alors peu à peu de rouge, pour ne former au bout de quelques jours qu'une énorme mare de sang.
Source : @Dauphin Libre
Après la sortieen 2009du documentaireThe Cove (La baie), dans lequelapparaît surtout Ric O'Barry, passé d'ancien dresseur de dauphins à ardent défenseur de leur cause, les pêcheurs de Taiji ont alors décidé de changer de méthode pour un procédé moins sanglant, mais tout aussi cruel.
Source : @TheDodo
Les pêcheurs utilisent désormais une tige métallique, qu'ils enfoncent dans la colonne vertébrale du dauphin, avant de reboucher le trou pour limiter le déversement de sang dans l'eau. L'animal, parfois encore en vie, est hissé sur la barque où il est achevé, puis dépecé.
Tous ne meurent pas sur les bateaux. Ric O'Barry confie ainsi :
L'année dernière, durant la première sortie de la saison, un dauphin de Risso a tenté d'échapper aux chasseurs. Il s'est échoué à mes pieds, agonisant. Ce sont des instants comme celui-ci qui soulignent l'extrême cruauté de ces chasses.
Source : @Ric O'Barry's Dolphin Project
Chaque année, environ 2000 cétacés sont tués, selon des quotas bien établis. Si la grande majorité des animaux pris au piège de la baie n'ont aucune chance de survie, certains réchappent au massacre, mais sont alors destinés à un sort bien peu enviable.
L’Union des Pêcheurs, puissant syndicat japonais responsable de la pêche àTaiji, prétend soutenir la consommation de viande de dauphin dans tout le Japon. Cette viande se retrouve dans les supermarchés, les cantines et même les croquettes pour chien – parfois sans même que les consommateurs n'en soient conscients.
Source : @Ric O'Barry's Dolphin Project
Pourtant, seule une infime minorité de Japonais consomment régulièrement de la viande de dauphin, qui présenterait des dangers pour la santé. En effet, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, publié en août 2008, met en garde contre la consommation de viande de cétacé, très chargée en mercure. Même le Ministère de la Santé japonais conseille aux enfants et aux femmes enceintes d'éviter d'en manger régulièrement.
Source : @Dauphin Libre
La consommation de viande de dauphin n’est donc qu’un prétexte pour masquer les véritables enjeux de ce massacre: le prix très élevé des dauphins destinés aux parcs animaliers. Un dauphin mort rapporte 500 dollars. Un dauphin vivant ? Plus de 30 000.
Source : @Sasha Abdolmajid
Quelques dauphins sont ainsi sélectionnés pour être envoyés dans des parcs marins et autres aquariums dans le monde entier, notamment en Chine, qui échappe aux recommandations de la WAZA (World Association of Zoos and Aquariums) interdisant la détention de dauphins provenant de la baie de Taiji. La WAZA est une organisationvisant à chapeauter les zoos et les parcs marins au niveau mondial. Elle avait notamment suspendu sa branche japonaise en avril 2015, après le refus de cette dernière d'imposer un moratoire de deux ans sur les dauphins issus de la baie de Taiji.
Les dauphins de Taiji ne sont pas les seules victimes des politiques du Japon sur les mers et les océans.La chasse à la baleine, pratiquée dans le cadre du programme de recherche japonais sur les baleines, est régulièrement critiquée. Lancé en 1984 dans l’Antarctique et en 1987 dans le Pacifique, le programme prétend servir à la compréhension de la baleine, son mode de vie et ses spécificités biologiques.
Source : @Sea Shepherd
En réalité, les baleines sont plus chassées pour leur chair, vendue dans tous les supermarchés japonais, que pour des raisons scientifiques. C’est d’ailleurs cet état de fait qui a poussél’Australie à porter plainte contre le Japon en juillet 2010, estimant que celui-ci se servait de son programme de recherche pour chasser la baleine à des fins avant tout commerciales.Les baleiniers japonais sont souventpoursuivispar les navires de l'association Sea Shepherd, fer-de-lance de la lutte contre la chasse à la baleine. Les pêcheurs japonais font parfois usage de méthodes extrêmement dangereuses pour empêcher Sea Shepherd d'approcher leurs bateaux.
Pour légitimer le massacre, les habitants de Taiji invoquent l'argument dela tradition ancestrale. Certes, la chasse à la baleine et au dauphin existe depuis des siècles dans la région et est documentée de manière historique. Mais la chasse au rabattage est un phénomène récent, dont les premières occurrences remontent aux années 1970. Elle est d'abordmotivée par l'appât du gain et ne cessera pastant que de telles sommes d'argent seront en jeu.Face à cette situation, des voix discordantes se font de plus en plus entendrepour dénoncer ce massacre. Le film The Cove a été l'un des principaux éléments déclencheurs de cette prise de conscience.
Source : @Ric O'Barry's Dolphin Project
Chaque année,Ric O'Barry (qui a déjà été arrêté et détenu 19 jours l'année dernière au Japon) revient sur les lieux pour continuer à informer et alerter, aux côtés des Sea Shepherd et de leur groupe Les gardiens de la baie. Le Japon tolère d'ailleurs assez mal la présence d'intrus dans la baie : des forces de police sont dépêchées pour empêcher son accès et éviter les débordements.
Source : @Sea Shepherd
Des manifestations sont également organisées régulièrement dans différents pays du monde, à l'image du Japan Dolphin Day, ainsi que des protestations devant les ambassades japonaises. Vous pouvez d'ailleurs soutenir le projet de Ric O'Barry sur son site Internet et profiter de ses conseils(page en anglais) pour sensibiliser et faire changer les choses.Le vrai responsable est cependant ailleurs. L'industrie du spectacle reste complice et coupable d'un tel massacre. Tant qu'il y aura des parcs marins et des personnes pour s'y rendre, la baie de Taiji continuera àaccueillir les cadavres de centaines de cétacés.Pour soutenir Sea Shepherd dans sa lutte pour la préservation des océans et pour la protection des grands cétacés, cliquez-ici.Vous pouvez également signer cette pétition lancée sur Avaaz réclamant la fermeture du parc aquatique français Marineland.